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La soie des Néphiles dorées dans l'histoire

Nous vous proposons de visiter l'utilisation de la soie d'araignée au travers de l'histoire dans le monde, et de nous arrêter sur ses exceptionnelles propriétés.

Cet article à été créé grâce aux informations présentes sur la toile.

Merci à tous les passionnés qui partagent leurs connaissances.

La soie des Néphiles

L’homme a découvert très tôt et dans plusieurs régions du monde les propriétés exceptionnelles de la soie d’araignée. 

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Transparente, ultra résistante, hydrophobe, elle a été utilisée en Mélanésie pour la pêche et la chasse. Ses grandes toiles étaient récupérées pour fabriquer des filets ou des pièges, ou son fil servait à fabriquer des appâts.

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Imputrescible, la soie a servi également comme fil de suture pour recoudre les plaies en Océanie. Plus récemment dans l’histoire, un médecin allemand a fabriqué des pansements hémostatiques pour stopper les saignements. A La Réunion, plusieurs sources orales confirment l’utilisation de l’araignée pour faciliter la guérison des plaies. Son abdomen frotté sur les coupures était un remède « lontan ».

Par analogie sans doute à la soie extraite à partir de la chenille du Bombyx Mori, introduite de Chine en Europe, les européens s’intéressent peu à peu aux propriétés esthétiques de la soie d’araignée. Naissent ainsi à partir du 18ème siècle plusieurs recherches sur l’épeire diadème du Languedoc. Les scientifiques ou naturalistes français François Xavier Bon de Saint-Hilaire et René Antoine Ferchault de Réaumur et espagnol Raymondo Maria Termerer, réalisent les premières expériences en Europe de filage à partir de toiles ou de cocons de l’animal et tissent des paires de bas, voir des vêtements entiers qui sont offerts au roi de France et au roi d’Espagne. Malheureusement, ces présents, s’ils sont mentionnés dans les écrits des scientifiques, ne sont pas référencés dans les archives nationales.

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La mécanisation du tissage en France et en Angleterre, surtout dans la deuxième moitié du 18ème siècle où une première révolution industrielle partie d'Angleterre touche l'Europe, perfectionnent les machines à filer et à tisser, pour ne parler que du tissage. C'est dans ce double contexte d'ouverture d'esprit et de perfectionnement technique que le fil d'araignée est perçu comme une source textile à envisager. 

Viennent alors les inventions de machines permettant d’extraire une quantité plus importante de soie. Ainsi, l’homme ne cherche plus à prélever dans la nature le fil à partir des toiles ou des cocons en donnant ainsi l’occasion à l’araignée de les reconstituer, il va s’intéresser à la production du fil à partir même de l’arthropode. 

C'est à Madagascar que se déroule l'expérience la plus aboutie, à la fin du dix-neuvième siècle, sous l'impulsion d'un missionnaire jésuite passionné de science, le père Jacob Paul Camboué.

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Après avoir en premier lieu étudié les "vers" séricigènes, il envisage très vite l'utilisation du fil des arachnides. Dès le départ il conçoit l'araignée comme une productrice de soie et entreprend de l'élever. Il tente d'organiser un élevage de néphiles à Antananarivo, dès 1898, dans un enclos de bambous de vingt mètres carré.  Les tisserandes de l’exploitation réalisent une pièce de soie devant servir à la confection d'un ciel de lit de milieu et d'un écran de cheminée qui sont destinés à l'Exposition Universelle de 1900 au Trocadéro.

 

Il est difficile d'affirmer que le ciel de lit ait été exposé, car différents témoignages de l'époque prétendent d'une part que les émanations salines de la cale dans laquelle se trouvaient les tissus, lors de leur acheminement par bateau, les ont abîmés au point d'empêcher leur exposition. Et d'autre part le journal le Matin, du 14 décembre 1900, déclare que « peu de gens ont remarqué au panorama de Madagascar, un dais, ou plutôt un ciel de lit, d'une légèreté et d'une ténuité paradoxales, qu'on aurait pu croire tissé de fils de la vierge. Cette pièce d'étoffe vaporeuse, presque irréelle, aura pourtant été l'une des curiosités les plus extraordinaires, les plus inattendues. C'était de la soie, mais une soie originale et insolite, de la soie d'araignée ». De ce tissu il ne reste que des témoignages écrits. Seuls les Museum de Paris 4 et Lyon 5 en conservent des exemples, dont le plus beau témoignage est un ruban tissé.

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Une cause possible est la recrudescence des cas de paludisme entre 1904 et 1906. Le Père Camboué note en 1921 que l’industrie de la soie d’araignée pourrait avoir causé cela (sans en faire la cause principale, loin de là) : à cause du nombre important de néphiles prélevées (et notamment des grosses femelles prêtes à pondre) pour les besoins de l’industrie, ce prédateur naturel des moustiques en serait venu à manquer dans la nature.

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Aujourd’hui, la redécouverte de la soie d’araignée.

En 2004, l’historien d’art britannique Simon Peers et le styliste américain Nicholas Godley ont uni leurs forces pour créer une tapisserie avec de la soie d’or brillante des araignées de Madagascar.

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Cette soie (ou fil) d’une couleur dorée possède à la fois une solidité et une résistance exceptionnelle. Sur une toile, chaque fil peut absorber de grandes quantités d'énergie sans rompre, comme lors de l'impact d'un insecte volant.

 

La soie amortit les forces de torsions et possède une mémoire de forme 5 à 12 fois plus grande que le latex. C’est la raison pour laquelle l’araignée ne tourbillonne pas au bout de son filin comme pourrait le faire un cordiste au bout de sa corde. Le fil reprend sa forme initiale en douceur.   

 

Le diamètre du fil de soie varie entre 25 et 70 µm 

Un fil de soie qui ferait le tour de la terre ne pèserait que 250 gr.

La soie à une grande résistance aux températures extrêmes.

Cinq fois plus résistante que  l'acier, plus résistante que la fibre d'aramide (+ connue sous la marque déposée Kevlar) pour une densité plus faible que le coton ou le nylon

Des chercheurs ont estimés que la soie d’araignée peut supporter un poids de plus de 45 tonnes par cm² !

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Tout ceci en fait un des matériaux les + résistants sur terre… qui peut-être transformé … en fibre…!!!

 

Depuis longtemps, les qualités de ce biomatériau sont dans le collimateur des industriels à la recherche de fibres et textiles techniques haute performance. Mais si le tissage de ce fil d’un jaune éblouissant est maîtrisé depuis le XVIIe siècle pour faire de somptueuses parures.

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La soie d’araignée semble alors être un matériau intéressant dans l’avenir de la greffe de peau artificielle, elle peut en effet reconnecter des cellules nerveuses.

Médecine, textile, matériaux : les promesses de la soie d’araignée

Technologies Cliniques et industriels tentent d’exploiter les vertus du fil d’araignée

Produire en quantités utilisables la précieuse molécule qui la constitue n’est toutefois pas facile.

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Cela semble en partie approuvé par les travaux de l’allemande Hanna Wendt qui ont démontré que la toile d’araignée permet aux cellules cutanées de se développer. De plus, ce matériau possède, en plus de sa solidité (qui répond à la question des chocs quotidiens), la particularité d’être un biomatériau toléré par l’organisme ce qui n’entrainerait donc pas de rejets. L’autre avantage de cette matière est que c’est un antiseptique naturel, sa composition fait alors agir cette dernière comme un antibiotique. 

 

A une échelle microscopique, des fils de soie unique pourrait servir de guide pour les neurones sectionnés lors de l’émission  des axones* vers le site où ils ont été coupés, une prouesse dans le domaine de la régénération neuronale. Des experiences de ce type auraient déjà été mises en places chez des mammifères, avec la soie de la Nephila Clavipes. Elle à déjà été utilisé dans plusieurs parties du monde comme fil de suture.

 

Les extraordinaires propriétés de la soie d’araignée sont donc très attendues par les industriels. 

 

Le cannibalisme pratiqué par certaines espèces complique l’élevage intensif et la technique artisanale de la «traite» exclut la production à grande échelle. Des spécialistes rivalisent donc d’ingéniosité pour tenter de reproduire ces qualités de manière biosynthétique.

Les fibres obtenues pourraient servir en médecine, mais aussi à la fabrication de vêtements et accessoires de sport, de pièces d’automobiles, de films transparents, de revêtements, d’adhésifs et de gels. 

Enfin, résistant à des températures extrêmes de froid ou de chaleur, le fil de soie pourrait servir à confectionner des combinaisons spatiales. Cette soie arachnéenne, rare et unique, est donc intimement liée au luxe et à la recherche scientifique.

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